La revanche des milieux

Vern Volume, 22ème biennale d’art contemporain de Vern-sur-Seiche

Du 7 septembre au 12 octobre 2019

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Dans nos sociétés contemporaines, le rapport à l’espace qui nous environne est complexe. Il est circonscrit par des formes d’autorités plus ou moins manifestes régissant ou conditionnant nos actions. La sphère publique est en effet structurée par quantité de codes législatifs et sociaux, inconsciemment adoptés par le plus grand nombre.

L’urbanisme et l’architecture concourent notamment à asseoir certaines logiques normatives ou discriminantes. Les individus peuvent de fait être confrontés à des phénomènes de différenciation, de ghettoïsation ou de gentrification selon le contexte social et économique auquel ils sont rattachés et les lieux dans lesquels ils demeurent.

Ainsi, les problématiques liées à l’habitat sont couramment l’objet de luttes dirigées envers les systèmes d’organisation capitalistes, garants de ces schémas de domination sur les populations les plus fragiles. Si ces luttes sont des plus anciennes à l’échelle de nos sociétés, elles n’en sont pas moins l’un des révélateurs des conditions actuelles d’expansion du capitalisme néo-libéral à toutes les sphères de la vie. Ce développement effréné génère dès lors des catastrophes aussi dramatiques qu’évitables, en témoigne l’effondrement de deux immeubles insalubres en plein cœur de Marseille en novembre 2018 dû à l’incurie des pouvoirs publics.

Empruntant le concept de « droit à la ville » au philosophe Henri Lefebvre (1901-1991), l’exposition présente des œuvres encourageant l’idée de prendre pleinement part à la création de son milieu de vie, à son re-questionnement et à sa transformation afin d’y apporter plus de liberté et d’égalité. Le « droit à la ville » — la ville s’entendant au sens large, comme espace de vie en collectivité — exprime la volonté d’accorder une grande importance au corps social dans les processus d’aménagement des espaces pour contrer des phénomènes d’injustice et d’exclusion.

Le titre La revanche des milieux s’inspire quant à lui des travaux du géographe et philosophe Augustin Berque (1942). Le concept de “milieux” (ou “écoumène”) qu’il propose et développe s’entend comme “ la relation d’un groupe humain à l’étendue terrestre”, c’est à dire le lien unissant les êtres humains à l’espace et à la nature. Ce lien comprend donc nos manières de penser, d’investir et de s’approprier nos lieux de vie, mais également d’être habités et influencés par eux de façon consubstantielle.

Il ne s’agirait en rien de voir en cette revanche le soulèvement d’une périphérie sur un centre, mais plutôt de percevoir les relations d’une multitude de centres — que sont les êtres vivants — et d’enrichir les liens qu’ils établissent entre eux.

Les artistes réunis pour l’exposition La revanche des milieux déploient des formes de contre-pouvoir liés à notre manière d’habiter le monde. Ils mettent en lumière des luttes sociales, individuelles ou collectives, se font le relais de bouleversements populaires, d’agitations politiques, d’insoumissions et d’oppositions. Les œuvres présentées agissent comme porte-étendards de modes de vies alternatifs, contournent les schémas dominants et invitent tout un chacun à se réapproprier des espaces de vie, tant dans les sphères personnelles que collectives. Elles s’inscrivent contre des logiques stigmatisantes, de rentabilité, de gentrification ou de résultats statistiques en y apportant imaginaire et liberté.

C’est avec poésie et ferveur que ces œuvres offrent des bifurcations positives et amorcent des formes d’engagement. Comment faire face aux problématiques de mal logement ? Comment agir pour tenter de construire collectivement de nouvelles appréhensions de ce monde en constant changement ? En quoi nos modes de vie, nos possibilités de nous déplacer, de nous loger, de résider dans tel pays sont-ils contraints ou choisis ? Autant de questions que posent les artistes de cette biennale.

Regards multiples sur les enjeux et effets de la mondialisation, l’exposition oscille entre des logiques de constat, de déconstructions symboliques (Martine Feipel et Jean Bechameil, Guillaume Jezy et Jérémy Knez, Mona Hatoum) et des actions de protestations et de désobéissances passées ou à venir (Isabelle Fremeaux et John Jordan, Suzanne Husky, Bertille Bak). Qu’ils soient globalisés (Studio Orta), ou locaux (Dector et Dupuy), leurs points de vue se complètent et laissent apparaître la possibilité de nouvelles perspectives, à construire.

 

© Photos : Fanny Trichet

Informations pratiques :

Centre Culturel, le Volume
3 rue François Rabelais
35 770 Vern-sur-Seiche

02 99 62 96 36
accueil.volume@vernsurseiche.fr
http://www.levolume.fr

Entrée libre

Horaires :
– mardi : 14h-18h
– mercredi : 10h30-12h & 14h-18h
– jeudi et vendredi : 14h-18h
– samedi : 10h30-12h & 14h-18h